CMM

6 octobre 2024
42km 1350D+
05:34:00 662 / 1330

8h10 — Départ de Chappelle-des-Bois

Ce dimanche 6 octobre 2024 se déroule la course que je prépare depuis presqu'un an : la CMM. C'est l'une des 6 courses qui ont lieu lors du week-end de l'Ultra Trail des Montagnes du Jura (UTMJ).

La préparation se termine avec un rapide footing autour du gîte et quelques accélérations pour se dégourdir les jambes. Mais il reste une épreuve mentale de taille, devoir se contenter d'une assiette de riz pendant que les copains (🫶) se régalent avec une sacrée fondue savoyarde.

Après cette chouette soirée musique, fondue, riz, jeux de société et une bonne nuit de sommeil, le réveil sonne enfin à 5h50.

Au programme d'aujourd'hui : un parcours de 42 kilomètres et 1350 mètres de dénivelé positif pour relier Chapelle-des-Bois à Métabief en passant par Mouthe.

C'est enfin le moment de découvrir ce qu'il se passera au-delà de 30 kilomètres, la plus longue distance déjà parcourue à l'entrainement. Comment mon corps réagira-t-il ? Quelles pensées me traverseront l'esprit au plus dur de la course ? Est-ce que toutes les séances difficiles de ces derniers mois porteront leurs fruits ?

Je tremble d'impatience à l'idée d'entendre résonner l'hymne de l'UTMJ et d'obtenir les réponses à ces questions.

8h10 : top départ.

Premier ravito au kilomètre 14

Premier ravito au kilomètre 14

Temps de passage : 01:31:33

Temps de passage : 01:31:33

La première partie du parcours est plutôt roulante avec très peu de portions techniques. Après une looongue descente, je commence à entendre les cloches et les applaudissements : le ravitaillement approche.

Dans quelques mètres, je vais retrouver mon frère et mes amis qui me suivent tout au long de la course — j'accélère d'impatience en y pensant.

J'atteins ce premier point de passage avec quelques minutes de retard sur mes prévisions (+6 minutes). Il y a eu quelques ralentissements lorsque le sentier devenait plus étroit et je préfère, quoiqu'il arrive, ne pas prendre de risque en gardant un rythme confortable.

Pour le moment j'ai de bonnes sensations et les jambes sont au rendez-vous : aucune douleur anormale à signaler. Je profite de chaque instant en restant très concentré sur la course — elle se corsera dans quelques heures.

Je prends le temps d'échanger quelques mots, d'avaler une gomme énergétique et de remplir mes flasques avant de me remettre en chemin.

Prochaine étape dans un peu moins de 10 kilomètres.

Deuxième ravito au kilomètre 22

Deuxième ravito au kilomètre 22

Temps de passage : 02:31:02

Temps de passage : 02:31:02

La température est idéale pour courir (sûrement moins pour les supporters au bord du chemin) mais à l'approche du deuxième ravitaillement dans le village de Mouthe — considéré comme le village le plus froid de France — le ressenti chute rapidement.

Mes mains s'engourdissent lors des 3 interminables kilomètres de plat avant de rejoindre Mouthe et je n'arrive plus à faire quoique ce soit de mes doigts : ouvrir mes flasques, sortir un gel énergétique ou encore refaire mes lacets. Je perds plusieurs minutes et cela me frustre énormément.

Petite pensée à mon frère qui subit ma nervosité à ce moment là. ❤️

Mis à part le froid et un saignement de nez anodin survenu à la sortie du ravitaillement précédent, je me sens bien physiquement. À mi-parcours, je suis plus ou moins dans les temps que j'ai en tête mais la course s'apprête réellement à débuter. Il reste quasiment 1000D+, la première bosse se trouve à quelques minutes de là.

Je sors difficilement mon téléphone et mes écouteurs et c'est rempli de détermination, ma playlist techno préférée dans les oreilles que je file vers la dernière étape avant l'arrivée, dans 10 kilomètres.

Troisième et dernier ravito au kilomètre 32

Troisième et dernier ravito au kilomètre 32

Temps de passage : 03:59:50

Temps de passage : 03:59:50

La deuxième moitié de course correspond à celle de 20 kilomètres (La Lynx) à laquelle j'ai participé l'année dernière. Je connais donc bien cette portion mais aujourd'hui, avec déjà 22 kilomètres effectués, elle me semble in-ter-mi-nable.

Je remonte une soixantaine de places mais je ne suis plus du tout lucide malgré les gommes énergétiques à la caféine. Comme si mon champ de vision et celui de ma conscience étaient largement diminués. Je ne vois plus que mes chaussures et n'entends plus que du bruit.

Les crampes commencent, elles aussi, à se faire sentir. Je suis plusieurs fois surpris par leurs contractions soudaines — il me faut des bananes au prochain ravito.

Il me reste tout de même un poil de lucidité pour dévisser et vider mes flasques juste avant de retrouver mes assistants de luxe pour qu'ils se chargent de les remplir.

Une seule pensée en tête : gravir le sommet du Mont d'Or le plus rapidement possible, résister à la dernière ascension du Morond avant de rallier l'arrivée.

Accoudé contre les barrières pour reprendre mon souffle, le chrono affichant 4:00:00 sur la montre me fait bien comprendre que mon objectif (non avoué) de moins de 5 heures semble compromis. Je vais donc donner le maximum pour rester en dessous des 5 heures 30 de course.

La montagne aura le dernier mot.

Ascension jusqu'au sommet du Mont d'Or

Ascension jusqu'au sommet du Mont d'Or

Les musiques dans mes écouteurs sont nulles mais je n'ai pas assez d'énergie pour sortir mon téléphone. Je plisse les yeux car je vois flou et je meurs de faim.

Tout semble aller pour le pire et pourtant je suis si heureux. Le soleil se montre enfin, je vois le chiffre 40 sur la montre et je comprends que je terminerai cette course.

J'ai en tête tous les efforts fournis, les sorties sous la pluie, quand je n'avais pas envie, tous ces dossards depuis le début de l'année, le moi d'il y a 3 ans qui devait marcher après 5 minutes de course. Et puis, cette vue sur les Alpes est une raison de plus d'avancer.

Les copains m'attendent à l'arrivée, ils sont debout depuis tôt ce matin, ont eux aussi tenu bon dans le froid et ont dû s'occuper de jeter mes emballages de gels collants et transpirants.

Les dernières difficultés semblent s'enchaîner si rapidement tant je ne pense plus à la douleur ni à l'inconfort. Tout ce qui compte est la limite des 5 heures 30 que je me suis fixée — il reste 20 minutes.

Je dévale les pistes de ski de Métabief aussi vite que possible en surmontant mon appréhension (4 entorses au compteur, ça laisse des traces) et je finis par franchir cette ligne après 05:34:00.

Comme après chaque trail, j'ai du mal à ressentir les émotions qui se mêlent en moi à cause de la fatigue physique et de la concentration extrême à avoir pendant tant de temps mais je suis fier d'avoir géré la course de cette manière — la première de ce format.

Le perfectionniste névrosé en moi ne peut pas faire abstraction de ces 4 petites minutes. Les embouteillages du début ? Les doigts engourdis ? Ou plus simplement la forme physique générale ?

J'ai trouvé ce que je cherchais et je repars avec toutes les réponses à mes questions. Tout reste à faire, l'entraînement ne tardera pas à reprendre son cours.

Charles, Loucas, Antonnella, vous savez que c'est aussi grâce à vous alors merci pour tout.

Rendez-vous le 9 novembre prochain pour la dernière échéance de l'année avant la coupure hivernale bien méritée et la saison 2025 qui s'annonce déjà bien remplie.

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Vue sur les Alpes depuis le sommet du Mont d'Or

Vue sur les Alpes depuis le sommet du Mont d'Or